vendredi 27 août 2010

Piranha 3D

Boucherie, poissonnerie, strings sexy... cherchez l'erreur.


On connaît les goûts d'Alexandre Aja à se lancer dans le dépoussiérage d'oeuvres plus anciennes, après son très bon remake de "La colline a des yeux" et le beaucoup plus mitigé "Mirrors". Son nouveau film était donc attendu en espérant qu'il relèverai la barre, c'est chose désormais faite avec ce "Piranha 3D" qui livre son quota de "sea, sex and blood" annoncés par l'affiche. Pourtant, à la sortie de la salle réside toujours le goût amer d'une franche déception.

Voir un film avec des piranhas tueurs d'adolescents plus débiles les uns que les autres aurait tendance à nous rapprocher d'une bonne grosse série Z comme on les aime, façon "Braindead" où le sang gicle à tout va pour le plaisir jouissif d'un grand délire assumé. Ce qui ne va pas avec ce "Piranha 3D" vient de là, il joue dans la cour des grands, plutôt proche de la série B qui s'élève par son côté sanglant boursouflé, et tout ce qu'on aurait alors à en garder s'effondre inéluctablement devant un travail certes très maîtrisé mais hélas trop sérieux. Si dans "La colline a des yeux", le sérieux collait parfaitement avec le propos du film et ses dénonciations d'une Amérique individualiste, ici il n'apporte strictement pas grand chose.


Ce film pourrait donc être facilement rabaissé au titre de "remake à la sauce 3D inutile", mais il n'en est également rien. Premièrement, la 3D (tape à l'oeil certes, et toujours autant gadget) s'avère assez sympathique, qu'il s'agisse de voir des piranhas explosés ou des seins devant notre visage, voire même se faire vomir sur la tronche, Aja poussant heureusement le délire assez loin et juste là où il faut par rapport à son film. Nouveau problème cependant, le sexe est étalé de long en large pendant des minutes parfois interminables de léchages de ventres ou d'érotisme aquatique. Si bien qu'on met les pieds en plein dans la série B typiquement masculine et ici hélas, complètement lassante, ce qui rend non seulement le film pénible à regarder mais le remplit en plus d'un vrai foutoir futile digne d'un pauvre slasher pour adolescents (le tueur dérengé en moins).

C'est donc assez long à démarrer, notamment à cause des deux histoires peu imbriquées, dont l'utilité de la première (sur un bateau où tout consiste globalement au tournage d'un porno par un mec insupportable) commence à décoller une fois dans le climax, le reste ne servant qu'à un étalage de sexe à tous les niveaux en but de passe-temps. Quant à la seconde, sorte de pré-baizodrome avec centaines de jeunes bourrés, l'intérêt viendra principalement du gigantesque carnage dégueulasse, sordide, et parfois gratuit qui en mettra plus d'un mal à l'aise. Aja étant connu pour mettre le paquet niveau gore dans chacun de ses films, il ne décevra personne ici avec la multitude de corps mutilés, broyés etc. Pour le coup, les maquillages sont extrêmements réussis (300 000 litres de sang utilisés), et ça en devient vraiment déstabilisant, le film parvient enfin à délivrer quelque chose de fort, peut-être trop même, et dépasse de loin le cadre qu'il aurait voulu s'imposer.



Il s'avère d'ailleurs dommage de devoir attendre la seconde et dernière partie du film pour voir enfin ce que l'on attendait, des tripes, des scènes d'action bien fichues, un brin d'émotion et de suspense avec des sons tout autant tonitruants que dans "La colline a des yeux". Aja délivre enfin un rythme qui ne repose pas que sur une palette de nibards se trémoussant sur de l'éléctro (voire musique classique) et des vues sous-marines de piranhas à la mord-moi-le-pied en approche. De plus, on ne sait pas vraiment où va tout cet exercice, hésitant entre débilité bourrée d'hormones et de trips grotesques ou le film sérieux avec situations renversantes et effrayantes.

Au final, on retient de ce "Piranha 3D" un divertissement de bonne facture devant lequel on ne s'ennuie au moins pas, honnête, trash au possible et qui va jusqu'au bout de ses idées néanmoins assez contestables. On dénote hélas un manque réel de souffle que le second degré (plus appuyé que par deux/trois blagues) aurait pu lui apporté. En revanche, Alexandre Aja en met plein la tronche comme promis et parvient à donner du lourd avec "juste" un film de poissons cannibales, et peu importe alors le nombre de scènes coupées qui peuvent laisser songeur quant au résultat que ça pourrait donner, car on peut aisément se douter que cela n'étofferait en rien le scénario très mince qui se conclut en plus assez grossièrement. On aurait préféré éviter la sur-dose de "sex and blood" pour avoir des personnages moins antipathiques. Ce n'est donc ni un film d'horreur effrayant, ni un film fun déjanté, juste un mélange trash en demi-teinte qui ne parvient son but ni dans l'un, ni dans l'autre, mais fait tout juste passer un bon moment.


Matt.G

1 commentaire:

  1. Euh de toute façon des piranhas préhistoriques dans la mer, c'est forcément gratuit, et la se pose le second degré, tellement gros qu'il me rappel la lettre de Poe !

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