lundi 1 novembre 2010

Saw 3D


Inutile de revenir sur cette saga dont le titre québécois parvient à résumer amplement la bêtise : Décadence. De pire en pire à chaque volets (ou presque), voilà ce qu'on retient des épisodes de Saw. Petit retour sur ce qui a précédé : Premier volet, excellente surprise, second volet honnête regardable avec une fin toujours surprenante, troisième volet dégueulasse d'un ennui à mourir jusqu'aux dernières minutes qui clôturaient plus ou moins bien la trilogie.

On pensait que s'en était fini... mais Lionsgate n'avait pas dit son dernier mot. Ainsi on rempile : Quatrième opus déconcertant de médiocrité, aussi tiré par les cheveux qu'un de ses pièges, une immondice visuelle et cinématographique totale, un cinquième volet qui ralentit un peu sur le gore mais s'envenime dans une histoire toujours aussi... inexistante, et enfin un sixième volet aux dix dernières minutes explosives mais au reste toujours un brin déplorable, encore qu'il revenait à l'esprit d'origine de la saga en essayant de créer une histoire (chose rare dans cette saga).


Allons donc, si on aurait espérer s'arrêter là, après la veine tentative d'induire une multitude d'apprentis à Jigsaw, papi dégonflé depuis maintenant 4 films, il n'en est rien, et Saw 3D débarque. Entendre par 3D : 3 Daubes pour le prix d'une ? Il y a eu Amanda, Hoffmann, puis Jill qui fait des siennes... La saga n'est plus réputé depuis longtemps comme créative, artistique, originale ou encore réaliste. Et ce "Chapitre final" n'est qu'une énième copie, un aboutissement de ce qui a déjà été fait.

Saw 3D c'est quoi concrètement ? Une suite de piège plus immondes les uns que les autres, où un personnage principal progresse dans ses étapes, façon Saw 3, 4, 5 et 6, rien de bien nouveau donc. Billy le pantin fait son apparition comme à son habitude, les pièges sont complètement improbables (le four qui se déploie d'un coup à la fin !) et sordides, sadiques (tirer sur le fil sortant d'une bouche, fil relié à une clef dans le ventre d'une femme, à vomir). Les acteurs sont toujours moyens, les personnages quasiment antipathiques. Pour l'histoire aussi tout est déjà vu, on croit rêver. Pourtant le début laissait presque présager de l'originalité, avec un piège en public, où les réactions des spectateurs sont complètements outrées : Pendant que les victimes se font scier, ceux-ci n'ont rien d'autre à faire que d'assister, immobile et désarmé (téléphone portable à la main tout de même) dans la même position de voyeur que finalement nous sommes en regardant pareilles scènes gores depuis maintenant quelques années.

Saw 3D continue donc à cultiver ce voyeurisme primaire, sans queue ni tête, les pièges s'enchaînent et on en attend pas moins, ça fait longtemps qu'on ne se méprend plus à espérer un quelconque scénario dans cette saga, n'en déplaise à des fans toujours avide de gore et qui croient y voir des messages. C'est sûr que depuis Saw 4, on en trouve un lot considérable : Ne sauve pas tout le monde - Tu n'es pas seul - Ne sois pas avide - Ne mens pas.


On a fait le tour, la boucle est bouclé (on l'espère du moins). Ce Saw 3D étant aussi infâme et irregardable que Saw quatrième du nom, quoiqu'un peu mieux joué. Techniquement que dire ? C'est toujours aussi laid, filmé par dessus la jambe avec des couleurs criardes. Quant au twist final, aussi mauvais qu'oubliable, pas de quoi finir la bouche ouverte. Elle est loin l'époque du premier Saw qui nous mettait une vraie claque avec sa fin. Cette fois c'est "Game Over", quoique ça fait déjà six volets qu'on a perdu tout esprit cinématographique. Saw est, et restera, après la multitude de Freddy, Jason et autre, une saga à son tour marquante d'une décennie, avec la mode du sadisme outrancier et machinations de tueries complexes voire insolvables qu'elle a amenée. Elle souffrira néanmoins du même défaut : Le fric, le fric, le fric, suites sur suites, toutes d'un mauvais goût exemplaire.


Matt.G

mercredi 27 octobre 2010

Venus Noire


Abdellatif Kechiche, non content d'avoir fait, avec "L'esquive" et "La graine et le mulet", deux des meilleurs films français de la dernière décennie, nous propose aujourd'hui quelque chose de transgressif, et disons-le tout de suite, de quasiment révolutionnaire dans le paysage cinématographique français.


Comme à son habitude dans ses films, il brasse des sujets forts, qui se dévoilent petit à petit au bout d'un certain temps, implicitement ou explicitement, et rejoignent même notre réalité de contemporains. D'un seul trait, Kechiche fixe un lien entre notre société et celle passée, toujours bel et bien proche, d'un pessimisme réaliste, toujours dans le ton de ce qu'il a déjà fait, mais cette fois-ci sans concession. "Venus Noire" se révèle comme une oeuvre forte, éprouvante, qui mettra au bout d'un long moment tout son public mal à l'aise.



En effet, on tient là un film d'une puissance inouïe, chose extrêmement rare, d'autant plus que c'est français. Bien que sensiblement différent, la dernière fois que l'on a vu une pareille déferlante de chocs, c'était avec "Martyrs" en 2008. Avec "Venus noire", perle unique s'il en est, le spectateur reçoit une petite claque intense et sordide, inattendue. Kechiche prend soin de filmer toujours ses personnages au plus près afin de mieux les suivre dans leurs douleurs et leurs péripéties. Ajoutez a cela un soin tout particulier pour des décors grandioses et d'une belle reconstitution, ainsi qu'un cadrage parfois proche de l'esthétique du tableau, ou encore des mélodies, rares, mais très réussies. Tout est alors en place pour que Yahima Torres incarne cette vénus hottentone aux formes surprenantes, et pourtant bien humaines, dont sauront profiter les autres. Kechiche nous embarque alors dans cette longue épopée sur les traces de l'histoire de Saartje Baartmen, destin violé, décimé. 

A partir de là, on aurait pu s'attendre à un "Elephant man" au féminin, mais il n'en est rien, Kechiche fait à la fois le tracé de l'histoire qu'il veut raconter, tout en impliquant des sujets plus vastes pouvant prêter à confusion. Il ne prend aucun parti, tour à tour, spectateurs comme spectacles de cette hottentote sont filmés. On peut profiter du spectacle en tant que spectateurs nous même, mais problème, où démarre le spectacle ? Où s'arrête l'illusion ? Où se situe la frontière de l'art ? Ses limites ? Sommes-nous voyeur ou spectateur d'un spectacle dont l'illusion nous est sensiblement imposée au tout début ? 



La difficulté de ses thèmes évoqués, s'ils ne trouvent pas forcément de réponses, se montreront explicitement dans toutes leurs compléxités lors d'un certain procès, rajoutant de la difficulté au spectateur à se situer vis à vis du film et ce qui suivra par la suite.  Et tout cela est renforcé par une énième mise en abyme entre le réalisateur et ses acteurs eux-même, en effet, où démarre le jeu ? Peut-être l'actrice ressent-elle également de l'humiliation à jouer ses scènes ? Jusqu'où peut aller le réalisateur dans son désir de délivrer un spectacle ?

Et ça ne s'arrête pas là, le personnage de cette vénus noire, dont les formes amènent directement de viles pensées, est-elle contrainte à vivre le désir des autres ? Désir physique, voire même intellectuel ? Tout le monde y passe, Kechiche ne fait pas dans la demi-mesure, l'âme de cette jeune femme va se perdre peu à peu dans ce que l'on fait d'elle, jusqu'à ne devenir plus qu'un jouet usé jusqu'à la moële. Ainsi s'efface l'artiste, ainsi né cette femme objet. Portrait d'une société toujours plus sur le déclin, où l'art est contraint au silence, et le physique au regard d'autrui.


Néanmoins, gros point noir tout de même, la durée du film, 2h40 qui semblent très longues, non pas qu'elles soient foncièrement ennuyantes (encore que lors de certains passages...) mais un montage raccourci d'une bonne vingtaine de minutes, si ce n'est plus, aurait aidé. On ressent en revanche le désir de Kechiche de raconter cette histoire dans ses plus amples détails, quitte à en desservir le film, dommage. A classer en dessous de "La graine et le mulet" et "L'esquive".

Kechiche tape fort, Kechiche entre dans la légende. Un film dont va donc résulter de nombreux débats, et qui va faire réfléchir en plus de bousculer. Abdellatif Kechiche ne s'impose plus seulement comme le "sauveur" du cinéma français, non, il s'impose tout simplement maintenant comme LE plus grand cinéaste français d'aujourd'hui, osant, transgressant, et dépassant de loin ce qu'on peut voir habituellement au cinéma en France, frôlant presque l'insoutenable psychologiquement. Ici, point de pensum intellectuel ennuyeux, ni même de drame emplit de pathos, juste un drame historique qui dérange, effrayant, déroutant, nécessaire, important et marquant par sa cruauté, dont Kechiche tire toute la substance du fond, comme on extirpe la substance de cette vénus par l'exposition et l'exploitation de son corps.


Matt.G

lundi 30 août 2010

Mords-moi sans hésitation + Dossier spécial


Ce film n'en étant pas un, il ne mérite pas de critique, néanmoins quelques mots pour résumer cette nouvelle connerie à laquelle on s'attendait bien évidemment de la part des deux guignols que sont Jason Friedberg et Aaron Seltzer.

Par quoi commencer, au bout de deux minutes on comprend d'or et déjà la catastrophe de l'entreprise, d'un pathétique exemplaire, creusant toujours plus profond. Payer pour ce film revient à anéantir à zéro l'industrie cinématographique même, et pour le coup c'est l'hôpital qui se fou de la charité, "Twilight" ayant beaucoup plus de mérites que ces carnages (dont le seul but est d'attirer cette fois les fans et non-fans de la saga d'origine, bien joué). Donc oui, c'est véritablement mauvais d'un bout à l'autre ou presque, on rigole plusieurs fois quand même (chose rare dans leurs films) et puis quelques gags sont au moins médiocres (qualité maximum chez eux), pour le reste c'est sans finesse, d'une lourdeur incommensurable et sans aucun geste artistique, intellectuel, ou ne serait-ce respectueux envers le spectateur pris pour un con pendant une heure. Quant aux vingt dernières minutes, c'est une resucée de "Twilight 2" avec un zest de dramaturgie pour faire bien, mais qui parvient enfin à faire passer le temps pas trop désagréablement.


On en attendait pas moins de ses deux personnes (on ne parlera pas de "réalisateurs" par respect pour le métier et ceux qui parviennent à l'exercer correctement), tout juste bonnes à côtoyer Uwe Boll sur le podium des réalisateurs les plus mauvais de notre époque, ici en plus volontairement. Comme si essayer à chaque fois de faire le film le plus mauvais était un but en soi, ce qu'ils réussissent bien en plus les bougres, pour notre plus grand déplaisir.


Leurs parodies s'enchaînent et ne se ressemblent pas, on compte dans la fosse le pitoyable "Spartatouille", l'exécrable "Big movie", le désastreux "Disaster movie", et les moins mauvais de tous, à savoir "Sexy Movie" et "Mords-moi sans hésitation". Il faut le reconnaître, arriver à un tel summum du n'importe quoi relève presque du génie en soi, chercher la plus mauvaise des blagues possibles à chaque secondes ne doit pas être chose si aisée, et pour ça ils s'avèrent malencontreusement talentueux.


Ainsi, ils savent manier la coupe rapide pour insérer des gags de quelques secondes qui n'aboutiront absolument à rien avec ce qui va suivre, et placent des acteurs tous plus ridicules les uns que les autres, à l'image des décors, costumes et répliques. A noter que leurs films possèdent quand même un fil rouge qui consiste à chaque fois en un énorme fourre-tout de parodies de films ("300", "twilight"...), séries ("True blood", "Gossip girl"...), musiques (Jesicca Simpson, Amy Winehouse...) voire buzz à la mode ("Leave Brytney alone", "I'm fucking Matt Damon"...) et en une évolution d'un point A à un point Z, d'où l'on ne trouvera aucune émotion, aucun suspense, rien, si ce n'est une grande banalité et lassitude, à cela ajoutez le sentiment d'un foutage de gueule même pas dissimulé, tout comme l'aspect commercial total de la chose (cf les affiches où l'on met ce qui plaît le plus, même quand la parodie dure trois secondes dans le film).


A dire vrai, Friedberg et Seltzer ne se cachent pas de simplement vouloir faire un simple divertissement, le problème est que tout y est tellement vulgaire, immature et pénible à suivre, que ça en devient détestable pour peu que l'on veuille une comédie réussie. Le spectateur s'attend à une parodie et en ressort avec une repompe des éléments d'un certain film avec en bonus 456 parodies sans queues ni têtes placées au petit-bonheur-la-chance, en résulte un sentiment de vide abominable. De plus, on lui promet un minimum d'1h15 de film mais les malins aux commandes du navet font 10 minutes de générique spécialement rallongé pour attirer les plus crédules (lesquels sont-ils à n'avoir pas encore compris la machination des deux compères ?).


Le pire restant que certaines personnes payent pour voir ses films, imaginant que c'est la future comédie de l'année, ce qui rend la somme non seulement douloureuse pour le porte-monnaie, mais également pour le cinéma lui-même, ces films étant tout sauf cinématographique. Ainsi, on croyait Friedberg et Seltzer enfin disparus de la scène (pour le bonheur commun de chaque cinéphiles sur terre), mais en s'attaquant à "Twilight", on peut parier qu'ils vont réussir à renflouer leurs poches un minimum pour continuer dans leur lignée et détruire encore un peu plus le 7ème art. On conclura pas une sonnette d'alarme consistant à vous dire :  Ne payez pas pour voir leurs film et n'allez pas les voir au cinéma (même si on reconnaît que le plaisir coupable à contempler cette infinie médiocrité peut exister, surtout pour animer des soirées entre amis un brin éméchés).


Et pour en revenir à ce "Mords-moi sans hésitation", puisque l'on aimerait de la parodie de "Twilight", en voici en voilà pour les bienheureux qui y mettront leurs yeux et leurs oreilles, hélas, les gens talentueux restent sur youtube...


Et sinon, voici les 10 minutes à sauver sur ces 5 films (hors contexte, gratuitement, sur youtube, c'est plutôt divertissant et ça vous épargnera 5 heures de film)

Disaster Movie : High school musical
Disaster Movie : Danse avec les Chipmunks
Disaster Movie : I'm fucking Matt damon

Et pour conclure, le top 5 :
1 - Sexy movie
2 - Disaster movie
3 - Mords-moi sans hésitation
4 - Spartatouille
5 - Big movie


Matt.G

vendredi 27 août 2010

Piranha 3D

Boucherie, poissonnerie, strings sexy... cherchez l'erreur.


On connaît les goûts d'Alexandre Aja à se lancer dans le dépoussiérage d'oeuvres plus anciennes, après son très bon remake de "La colline a des yeux" et le beaucoup plus mitigé "Mirrors". Son nouveau film était donc attendu en espérant qu'il relèverai la barre, c'est chose désormais faite avec ce "Piranha 3D" qui livre son quota de "sea, sex and blood" annoncés par l'affiche. Pourtant, à la sortie de la salle réside toujours le goût amer d'une franche déception.

Voir un film avec des piranhas tueurs d'adolescents plus débiles les uns que les autres aurait tendance à nous rapprocher d'une bonne grosse série Z comme on les aime, façon "Braindead" où le sang gicle à tout va pour le plaisir jouissif d'un grand délire assumé. Ce qui ne va pas avec ce "Piranha 3D" vient de là, il joue dans la cour des grands, plutôt proche de la série B qui s'élève par son côté sanglant boursouflé, et tout ce qu'on aurait alors à en garder s'effondre inéluctablement devant un travail certes très maîtrisé mais hélas trop sérieux. Si dans "La colline a des yeux", le sérieux collait parfaitement avec le propos du film et ses dénonciations d'une Amérique individualiste, ici il n'apporte strictement pas grand chose.


Ce film pourrait donc être facilement rabaissé au titre de "remake à la sauce 3D inutile", mais il n'en est également rien. Premièrement, la 3D (tape à l'oeil certes, et toujours autant gadget) s'avère assez sympathique, qu'il s'agisse de voir des piranhas explosés ou des seins devant notre visage, voire même se faire vomir sur la tronche, Aja poussant heureusement le délire assez loin et juste là où il faut par rapport à son film. Nouveau problème cependant, le sexe est étalé de long en large pendant des minutes parfois interminables de léchages de ventres ou d'érotisme aquatique. Si bien qu'on met les pieds en plein dans la série B typiquement masculine et ici hélas, complètement lassante, ce qui rend non seulement le film pénible à regarder mais le remplit en plus d'un vrai foutoir futile digne d'un pauvre slasher pour adolescents (le tueur dérengé en moins).

C'est donc assez long à démarrer, notamment à cause des deux histoires peu imbriquées, dont l'utilité de la première (sur un bateau où tout consiste globalement au tournage d'un porno par un mec insupportable) commence à décoller une fois dans le climax, le reste ne servant qu'à un étalage de sexe à tous les niveaux en but de passe-temps. Quant à la seconde, sorte de pré-baizodrome avec centaines de jeunes bourrés, l'intérêt viendra principalement du gigantesque carnage dégueulasse, sordide, et parfois gratuit qui en mettra plus d'un mal à l'aise. Aja étant connu pour mettre le paquet niveau gore dans chacun de ses films, il ne décevra personne ici avec la multitude de corps mutilés, broyés etc. Pour le coup, les maquillages sont extrêmements réussis (300 000 litres de sang utilisés), et ça en devient vraiment déstabilisant, le film parvient enfin à délivrer quelque chose de fort, peut-être trop même, et dépasse de loin le cadre qu'il aurait voulu s'imposer.



Il s'avère d'ailleurs dommage de devoir attendre la seconde et dernière partie du film pour voir enfin ce que l'on attendait, des tripes, des scènes d'action bien fichues, un brin d'émotion et de suspense avec des sons tout autant tonitruants que dans "La colline a des yeux". Aja délivre enfin un rythme qui ne repose pas que sur une palette de nibards se trémoussant sur de l'éléctro (voire musique classique) et des vues sous-marines de piranhas à la mord-moi-le-pied en approche. De plus, on ne sait pas vraiment où va tout cet exercice, hésitant entre débilité bourrée d'hormones et de trips grotesques ou le film sérieux avec situations renversantes et effrayantes.

Au final, on retient de ce "Piranha 3D" un divertissement de bonne facture devant lequel on ne s'ennuie au moins pas, honnête, trash au possible et qui va jusqu'au bout de ses idées néanmoins assez contestables. On dénote hélas un manque réel de souffle que le second degré (plus appuyé que par deux/trois blagues) aurait pu lui apporté. En revanche, Alexandre Aja en met plein la tronche comme promis et parvient à donner du lourd avec "juste" un film de poissons cannibales, et peu importe alors le nombre de scènes coupées qui peuvent laisser songeur quant au résultat que ça pourrait donner, car on peut aisément se douter que cela n'étofferait en rien le scénario très mince qui se conclut en plus assez grossièrement. On aurait préféré éviter la sur-dose de "sex and blood" pour avoir des personnages moins antipathiques. Ce n'est donc ni un film d'horreur effrayant, ni un film fun déjanté, juste un mélange trash en demi-teinte qui ne parvient son but ni dans l'un, ni dans l'autre, mais fait tout juste passer un bon moment.


Matt.G

mercredi 4 août 2010

Retour sur le succès cinématographique de cet été



Christopher Nolan, tout juste auréolé de plusieurs oscars avec son dernier film "The Dark Knight" qui fut LE grand phénomène cinématographique de 2008 (dépassant même le milliard de dollars de recettes à travers le monde et allant jusqu’à approcher les plus grands au box office US, là où en France il peinait à atteindre les trois millions d’entrées), semble remettre le couvert avec son nouveau divertissement cérébral cette année, à savoir Inception.

Pourtant, ce nouveau long-métrage était loin de pouvoir mettre en confiance la Warner Bros, productrice du film. En effet, avec un budget avoisinant les 200 millions de dollars si l'on y compte le marketing, on pouvait s’inquiéter quant aux résultats de celui-ci au box office, et peut-être même entrevoir un futur échec tant le terrain de la science fiction peut s’avérer risqué (il en était de même à propos d’"Avatar" avant sa sortie, film qui a finalement dépassé l’insubmersible "Titanic" et s'est placé en tête des plus gros succès de l’histoire, notamment grâce au surcoût de la 3D). 


On a donc avec "Inception", un film original, non issu d’une quelconque saga littéraire ou cinématographique déjà entamée, ne surfant pas sur cette vague de 3D, et exploité avec des bandes annonces très alléchantes faisant valoir un casting exceptionnel doublé d’un scénario plutôt confus aux scènes d‘actions vraiment tordues (Paris qui se retourne pour n'en citer qu'une). Le risque entrepris était néanmoins grand pour le film à frôler l'échec au box office, et à titre de comparaison, "Matrix" avait quant à lui un budget de 60 millions de dollars lors de sa sortie en 1998.

On pouvait donc s’effrayer que le public boude un tel film, proposant enfin autre chose qu’un remake, préquel ou énième suite commerciale. Pourtant, dés sa première semaine de sortie sur le territoire français comme américain, le film amassa les foules et remplit les salles. Ainsi, et après maintenant trois semaines d’exploitations, le film est remboursé et cumule déjà à l’international la modique somme de 360 millions de dollars. 


Pour élucider les diverses questions quant au succès du film, l’on pourrait facilement évoquer la plupart des critiques dithyrambiques parues une fois la levée de l‘embargo sur la presse, faisant d’or et déjà saliver tous les fans de Christopher Nolan et provoquant un enthousiasme hors pair. Ceci sans oublier que le réalisateur cumule déjà derrière lui une brillante carrière (Memento, Batman Begins, Insomnia, Le prestige etc…) et donc de nombreux admirateurs. A noter également qu'il s'agit de l’un des rares réalisateurs chez Hollywood à délivrer un véritable travail d’auteur, agrandissant ainsi à chaque nouveaux longs-métrages l'intérêt que le spectateur lui porte.

Mais le casting d’Inception n’est pas en reste dans l'origine du succès du film, offrant ainsi l’incontournable Leonardo Dicaprio -dans un rôle légèrement similaire à celui de Shutter Island de Martin Scorsese sortit également cette année- ou encore l’élégante Marion Cotillard que les américains s’arrachent depuis "La Môme", voire les acteurs montants de leur génération : Joseph Gordon Lewitt ("Mysterious Skin" , "500 jours ensemble"), Ellen Page ("Juno", "Hard candy"), Tom Hardy ("Bronson", "RocknRolla"), et Cillian Murphy ("Le vent se lève", "Sunshine", "Batman begins").

Pourtant, le plus fort et marquant d’"Inception" s’avère être son scénario, en réflexion depuis une dizaine d’années dans l’esprit de son réalisateur, et ça se voit tant l’on y trouve de tout : De grandes émotions, du suspense, de l’action tonitruante, une profondeur déroutante tout en restant assez compréhensible, de quoi plaire à n’importe quel public. Au final, on retient d’Inception un film qui séduit autant qu’il peut diviser, et surtout une histoire qui touche au drame psychologique autant qu’à la science fiction. Certains, voire beaucoup, allant même le voir plusieurs fois afin d’en comprendre toutes les subtilités. Le mieux étant d’aller se faire son propre avis au cinéma, tant il s'agit d'une invitation au rêve, et avec ça, Christopher Nolan peut être sûr que son spectateur va pouvoir rêver plus grand devant une production qui sort enfin de l'ordinaire dans le paysage hollywoodien.


Matt.G